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Interview BRUCE BROWN
par Philippe Archambeau & Yves Philippot Février 2011
Bonjour Bruce,
Nous te remercions de bien vouloir répondre à nos questions pour le webzine Road To Jacksonville (versions française et anglaise).
RTJ : Peux-tu nous dire comment tu en es venu à jouer de la guitare ? Et quand ?
Bruce : J'ai commencé à jouer autour de l'âge de douze ans. J'ai beaucoup appris avec des songbooks. Je jouais du folk sur une guitare acoustique. Je me posais aussi un tas de questions : si je connaissais quelqu'un qui jouait plus que moi , j'aurais piqué son cerveau et l'aurait obligé à me montrer des accords et des chansons. Plus tard, j'ai eu une électrique et j'ai commencé à jouer avec mes amis dans un garage ou un sous-sol. Une chose menant à l'autre, nous en sommes sortis pour jouer et nous faire du fric. A partir du moment où j'ai été payé pour jouer, j'ai su que je voulais faire pour vivre.
Jouer de la guitare.
RTJ : Peux-tu nous nous dire quelles ont été tes premières influences musicales ?
Tu viens de sortir un disque « Off The Edge », comment le définirais-tu ?
Bruce : Mes premières influences ont été les morceaux que j'entendais sur la radio AM (la radio qui regroupe les GO, les MO et les OC, par opposition à la FM, NdT.). The Kingston Trio, Peter, Paul et Mary et des trucs comme ça. Ensuite j'ai vu les Beatles à l'Ed Sullivan show et après, terminé. Les Beatles sont de loin ma plus grande influence. Comme pour “ OFF THE EDGE” c'est un mélange de mes goûts musicaux et des styles que j'aime écrire et jouer. Nous allons appeler ça un mélange éclectique.
RTJ : Est-ce ton premier enregistrement en solo ?
Bruce : Oui.
RTJ : Quel est le titre que tu préfères sur l’album ? Que souhaites-tu mettre en avant ?
Bruce : J'aime beaucoup “ BEFORE THE FALL”. J'aime la mélodie et l'humeur mélancolique invoquée. J'aime le côté enjoué et un peu excentrique d' “ ONION SKINS “, je suis vraiment fier de tout l'album.
RTJ : Peux-tu nous dire comment et où cet album a été enregistré ?
Bruce : Les pistes de base ont été enregistrées au studio de Casey Woods, The Insanery. Casey a joué de la batterie, a enregistré et m'a aidé pour produire le CD. Les pistes furent finalisées en trio. Batterie, basse et guitare, toutes les autres parties ont été ajoutées plus tard. J'ai Pro Tools chez moi, alors j'ai fait un paquet de guitares chez moi.
RTJ : Peux-tu nous en dire plus sur les musiciens qui jouent sur le disque ?
Bruce : Ce sont tous d'excellents musiciens de session de Nashville et mes amis. Tony Harrell joue des claviers; lui et moi avons bossé dans le groupe de Mel McDaniel dans les 80's. Bob Patin a joué des claviers, je connais Bob depuis 1981, il a joué avec Jerry Reed et beaucoup d'autres artistes. C'est un brillant instrumentiste. Casey à la batterie, Tim Marks à la bass, il a été amné par Casey, je ne le connaissais pas, mais j'aime ce qu'il a fait. Les vents ont été joués par John Heinrich et Sam Levin, tous deux de bons spécialistes de jazz et des requins de studio.
RTJ : Tes instrumentaux sont entre west coast et jazz rock, est-ce la musique que tu préfères jouer quand tu n’es pas avec le Charlie Daniels Band ?
Bruce : J'aime créer et jouer dans beaucoup de styles (ce qui paraît souhaitable quand on joue avec Charlie Daniels, NdT.) mais oui, je prends plaisir à jouer dans ce style quand je ne bosse pas avec le CDB. Je joue aussi aux doigts beaucoup de musique acoustique que j'aimerais bien faire voir un jour
à des gens.
RTJ : En west coast et jazz rock, quels sont les artistes qui t’ont le plus inspiré ?
Bruce : Larry Carlton, Lee Ritenour, The Crusaders, Tom Scott et le LA Express, Joni Mitchell,
Steely Dan, Michael Franks…
RTJ : La plupart des guitares acoustiques ou électriques sur ton disque sont souvent agrémentées de wah wah et sont en ligne claire, est-ce un choix voulu ?
Bruce : Oui, je voulais des sons clairs sur le disque. En raison de la façon dont j'ai conçu le disque,
j'ai évité d'employer trop de distorsion. Plus je joue, plus j'aime les sons clairs et purs.
L'effet wah- wah m'amuse beaucoup. Je l'ai utilisé pour l'ambiance. Il sonne d'un cœur léger pour moi et je voulais que pas mal de morceaux respirent la joie. Pas trop sérieux ou pesants.
RTJ : Avais-tu en tête depuis longtemps cette façon de faire dialoguer ta guitare et des saxes ?
Bruce : Oui, j'ai toujours aimé le son des guitares et du sax jouant ensemble, de la même façon que les disques de Larry Carlton avec les Crusaders et ceux de Lee Ritenour ont toujours eu des vents.
Tom Scott aussi a beaucoup utilisé l'instrument à vent et la guitare ensemble. J'aime ce son.
Je pense que le sax est le meilleur instrument soliste.
RTJ : Peux-tu nous dire quel matériel tu as utilisé pour cet album ?
Bruce : La plupart du temps, la guitare que tu entends est ma Strat de 64, j'ai aussi utilisé une Gibson ES335 de 69, une Martin D18, une Martin D41, une Alvarez à cordes nylon. J'ai joué du Dobro sur quelques pistes. Les amplis étaient tous de vieux Fender. Un Fender Deluxe Reverb de 64, un Fender Super Reverb, un Tweed Fender Deluxe. Les pédales que j'ai utilisées furent une Ibanez Tube Screamer, une talk box Heil, un filtre de contour MXR. Une Cry Baby Wah.
RTJ : Tournes-tu avec ton groupe ? Arrives-tu facilement à avoir des dates ?
Bruce : Je joue dans quelques clubs à Nashville, mais je ne recherche pas activement des dates. Personne ne veut payer les groupes à Nashville. Je suis occupé dans mon studio chez moi à écrire
et enregistrer. J'aime sortir jouer ma musique, mais c'est vraiment dur d'obtenir des concerts et les tenanciers de club veulent que tu joues pour des prunes. Difficile de réunir un groupe dans ces conditions.
RTJ : Peux-tu nous en dire plus sur la chanson « TELL ME I WAS DREAMING » que tu as écrite pour Travis Tritt et sur ton travail de songwriter ? Comment composes-tu ?
Bruce : Ce morceau a commencé comme une simple ligne mélodique jouée sur ma guitare dans une chambre d'hôtel sur la route. J'ai ajouté les accords qui allaient avec et ça m'a rappelé le « SIMPLE MAN »de Lynyrd Skynyrd, j'ai aussi entendu quelques bribes de « Stairway To Heaven », donc quand je suis arrivé au chorus, j'ai changé la tonalité pour du ré comme Page l'a fait pour “Stairway”. Le titre est en quelque sorte sorti comme s'il avait roulé sur le bout de ma langue, de telle façon que je chantais Tell me I was dreaming tout en grattant les accords du refrain. Pour le refrain, j'ai emprunté quelques idées musicales à George Harrison. Je pensais à son album “All Things Must Pass”. J'ai appelé Travis qui résidait dans le même hôtel et lui ai demandé de m'aider à finir tout ça. Je suis allé à sa chambre et nous l'avons écrit tous les deux en à peu près dix minutes. J'y ai toujours pensé comme à une sorte de couplet bluesy sudiste avec une sorte de refrain à la Beatles.
Pareil pour la façon dont je compose, c'est très intuitif. J'aime démarrer le matin en jouant de la guitare et en grattouillant des trucs, si j'ai de la chance je choperai une idée, un riff ou un enchaînement d'accords et je fredonnerai ou sifflerai une mélodie, et j'élaborerai à partir de ça. Souvent, j'entendrai des paroles et si ça arrive, j'essaierai d'écrire l'histoire à partir de cette première étincelle.
C'est d'abord une approche très libre, je laisser flotter mon esprit. Je ne cherche pas à le diriger,
je laisse les choses arriver, et ensuite j'y reviens et j'affine.
RTJ : Evidemment, pour tout le monde, tu es le guitariste du Charlie Daniels Band,
peux-tu nous dire comment et quand tu es rentré dans le groupe ?
Bruce : J'ai rejoint Charlie en 1989, quand Tommy Crain a quitté le groupe. J'avais bossé avec
Jack Gavin, le batteur de Charlie dans un autre groupe, et quand Tommy est parti Jack m'a appelé
et demandé si je voulais passer l'audition. Je l'ai fait et je suis dans la place depuis maintenant
vingt-deux ans.
RTJ : Peux-tu nous dire quelques mots sur Chris Wormer ? Cela commence à faire quelques années que vous êtes avec Charlie Daniels. Comment vous répartissez-vous les parties de guitares ? Et quand Charlie est à la guitare, est-ce lui qui trace les grandes lignes,
ou est-ce un boulot à trois ?
Bruce : Chris est un très bon instrumentiste, un musicien instruit avec un tas de connaissances et capable de jouer sur tout ce qu'on lui refile. Charlie a pour habitude d'élaborer ses morceaux à partir d'un squelette ou d'une ébauche et nous nous asseyons et travaillons les différentes parties tous les trois ensemble. Bien entendu, sur les anciens morceaux, nous jouons des parties proches des enregistrements originaux.
RTJ : Ici en Europe, on considère Charlie Daniels comme le grand père du rock sudiste,
est-ce la même chose aux USA ?
Bruce : Oui. Charlie est considéré comme un des fondateurs de ce style de musique de la même façon que le Marshall Tucker et l'Allman Brothers Band, etc…
RTJ : Le groupe était venu en 1996 à Disney Paris. Penses-tu que l’on aura la chance de revoir
le Charlie Daniels Band en Europe ?
Bruce : J’espère bien. J'étais à ce concert, et j'ai apprécié être en Europe. Je me souviens que le slide guitariste Roy Rogers était à l'affiche ce soir-là, et il a été super. Ma femme et moi avons passé
un bon séjour à Paris. J'aimerais revenir et faire quelques spectacles.
RTJ : Quel est ton meilleur souvenir de scène avec le Charlie Daniels Band ?
Bruce : De jouer pour les troupes partout dans le monde sur différentes bases. Ces gens font le sacrifice ultime, alors les distraire un peu pendant quelques heures reste toujours un honneur.
RTJ : Le rock sudiste connaît enfin l’arrivée de nouveaux groupes, connais-tu par exemple Blackberry Smoke, Preacher Stone ou Hogjaw ? Et si oui, qu’en penses-tu ?
Bruce : Je dois admettre que je n'ai pas suivi ces groupes. J'ai entendu parler de Blackberry Smoke
mais je ne suis pas assez familier avec leur musique pour faire des commentaires.
RTJ : Pour finir, question traditionnelle dans RTJ, si tu devais emmener 5 disques
sur une île déserte, lesquels choisirais-tu ?
Bruce : En voilà une de difficile mais je vais essayer de me restreindre à cinq.
Abbey Road -The Beatles
Indianola Mississippi Seeds- BB King
Billie Holidays Capitol recording from the mid fifties
Goodbye Yellow Brick Road- Elton John
Romantic Guitar- Julian Bream
Traduction : Y. Philippot-Degand